jeudi 19 avril 2012

Fin du Panama, debut de la Colombie

Toute la journée du 9 avril, j’ai essayé de trouver une roue ou un moyeu dans la ville de Panama sans succès.  J’ai finalement contacté Phat Moose, mon magasin de vélo à Ottawa qui dans les minutes qui ont suivi mon courriel on répondu présent et capable de fournir les pièces que je voulais.  Je me suis relocalisé dans une auberge jeunesse du quartier San Francisco de Panama ou je ne paie que 14$ par nuit.  L’endroit est bien, propre et très tranquille.  Je dors dans un dortoir ou il y a 7 lits mais pour le moment nous sommes seulement 2 à utiliser la chambre.  Si la journée du lundi de Pâques a été prise à chercher une nouvelle roue, la journée du mardi a été prise presqu’exclusivement à chercher un moyen pour livrer la roue d’Ottawa a Panama.  Toutes les voies explorées sont astronomiquement chers.  Finalement la moins cher demeure Poste Prioritaire Canada au tiers du coût des autres courriers privés.  Mais tout cela demeure encore très cher.  Il m’en coûterait plus de 300$ pour faire livrer le matériel ici et encore je ne suis pas sûr de la date de livraison, ni de l’endroit où je pourrais le ramasser.  Poste Canada veut absolument une adresse d’expédition alors qu’ici il n’y a pas d’adresse comme on l’entend chez nous mais plutôt des indications de la façon de se rendre à l’auberge.   C’est beaucoup plus complique que cela parait d’organiser du transport avec comme seul moyen de communication mon petit netbook.  Je dois avouer ici que ma fille cadette a été extraordinaire pour m’aider.  Finalement le préposé de l’auberge  m’a demandé si j’allais visiter quelque chose aujourd’hui et je lui ai expliqué que ma priorité était de trouver du transport pour faire venir une pièce du Canada pour réparer mon vélo.  Je lui ai montré la pièce cassée, et je lui ai expliqué ce donc j’avais de besoin.  Il a immédiatement dit « on peut trouver cela a Panama ».  Il a pris le téléphone et a commencé  à appeler les magasins. Premier appel le magasin ou j’avais été en tout premier lieu.   Il m’a demandé toutes sortes de détails techniques sur le moyeu et avec un large sourire il m’a confirmé qu’ils avaient la pièce.  Je suis parti immédiatement pour le magasin. Ils avaient bel et bien la pièce, un moyeu Shimano pour vélos de route.  C’est peut-être un peu moins fort que le moyeu Deore pour vélos de montagne mais ça devrait aller.  Après tout il ne me reste que 3000 km à faire.  Le seul hic c’est que le magasin ferme dans moins d’une heure et que les mécaniciens refusent catégoriquement de poser le moyeu aujourd’hui.  Il faudra revenir demain.  Un peu embêtant car je sais qu’il y a un bateau qui part de Portebello après demain et qu’en partant demain matin très tôt j’aurais eu la chance d’embarquer.  La roue est plus importante, je suis quand même heureux.  J’ai le cœur léger car je sais maintenant que le vélo sera réparé demain matin.   Je trouve un petit resto italien pas loin de l’hôtel et je me commande un bon spaghetti avec un verre de vin rouge.  Je déguste chaque bouchée.  C’est vraiment délicieux.  Je retourne à l’auberge et j’y rencontre un jeune couple plutôt sympathique.  J’apprends très vite que lui est panaméen et Kupa et qu’elle est canadienne  originaire d’Amérique  centrale et revenue au pays depuis quelques années incapable de s’habituer à la rigueur hivernale québécoise.  Elle n’est pas seulement canadienne, et québécoise mais, à Montréal, elle habitait à quelques pates de maison de moi.  Nous étions presque voisins.  Quelle coïncidence,  nous sympathisons très rapidement et l’ami qui l’accompagne me dit qu’il peut me trouver un bateau pour la Colombie a moins de la moitié du coût des bateaux de touristes.  Il fait quelques téléphones et me dit 200$ départ samedi matin de l’hôtel vers San Blas, arrive en Colombie Dimanche dans la journée. J’accepte volontiers surtout que j’ai manqué le dernier départ de la semaine en voilier.
 Le 10,  je pars vers les 9h pour me rendre au magasin de vélo qui ouvre à 10h.  J’attendrai un peu sur le pas de la porte mais je m’en fous car je veux voir mon vélo en état de reprendre la route aujourd’hui.  Je connais la place maintenant et je fais affaire directement avec les mécaniciens.  C’est toujours agréable de parler vélo avec des gars qui connaissent cela.  Ils ont commencé à travailler sur la roue et je suis avec eux coté atelier. Ce qui me permet  aussi de vérifier  le travail.  Nombreux sont ceux qui m’ont dit que les panaméens ont tendance à tourner les coins ronds et qu’il vaut mieux les surveiller de près.  Ce que je remarque c’est tout le contraire, le type défait ma roue avec  grande précaution et minutie et il prend son temps, son patron le surveille et vérifie de temps en temps le travail.  En fait je suis plutôt impressionné.  Au  bout d’une demi-heure je décide de les laisser seul faire leur boulot et d’aller m’acheter des bermudas dans une mercerie que j’ai vue en arrivant.  Pour le moment je n’ai qu’une paire de jeans et mes shorts de vélo.  Plutôt chaud pour les uns et pas très commode pour les autres.  Je hais magasiner, c’est physiologique et psychologique. Mes bermudas  m’ont pris moins de 2 minutes à choisir,  essayer et payer.  Je me retrouve presque instinctivement  dans un McDonald un peu plus loin et je me connecte sur internet.  La réparation prendra près de 2h.  Je retrouve mon vélo en parfait état avec un beau moyeu noir tout neuf sur la roue arrière.  Le coût total de la réparation est de 33$.  J’avais sorti ma carte de crédit car je croyais que cette réparation allait me  coûter beaucoup plus cher.  La journée débute vraiment bien, il est presque midi et j’en profite pour aller faire un tour de vélo et visiter la ville. Nous sommes mercredi.
En revenant à l’hôtel en fin de journée, j’arrête m’acheter tout ce qu’il faut pour me faire à souper.  Ce sera spaghetti, avec une bouteille de vin rouge.  Mon spaghetti me coûte 2.30$ et ma bouteille de vin, un Merlot chilien, 3.49$. J’ai ajoute un morceau de fromage de Gesos local et une baguette de pain.  Pour moins de 7$ j’ai assez de nourriture pour 2 personnes voir même trois. Ce n’est pas que j’ai seulement que j’ai un super souper a très peu de frais mais je suis aussi entouré de jeunes voyageurs.  Autour de la table il y a des américains du Montana et de la Californie, deux filles qui viennent de finir leur service militaire en Israël, un couple  d’allemand et un Hollandais.  C’est plutôt sympathique et ça bat un souper au resto tout seul.  Malgré la différence d’âge, j’ai vraiment l’impression de fitter dans le décor.  La discussion tourne inévitablement autour des voyages et sur ce sujet j’accote n’importe qui.   Les jeunes sont d’ailleurs plutôt impressionné d’apprendre  que j’ai traversé l’Amérique du Nord et centrale tout seul sans aide logistique et que j’ai aussi fait l’Asie en 2009.
Le 11 au matin, je décide d’aller me promener dans la vieille ville de Panama connu sous le nom de  San Felipe.  Tout ce secteur de la ville est en reconstruction et on a recréé le plus fidèlement possible le vieux Panama à partir d’un bidonville.  C’est vraiment très jolie avec des constructions de la période français et espagnol avec en arrière-plan  l’océan pacifique.  Ça ressemble en plus gros et plus important a la reconstruction de Place Royale dans le vieux Québec.  C’est beau et agréable mais c’est trop « proper » trop « show case »  Je ne suis pas très friand car à part les marchands et les ouvriers de la construction, on y retrouve seulement des badauds et des touristes.  La vieille ville n’a pas été complètement reconstruite et il reste dans la partie nord de la péninsule tout un secteur ou réside encore de vraie panaméen.  Ils sont  pauvres, les résidences sont délabré, il y a des odeurs d’épices et de cuisine locale qui se mélange a la putréfaction des déchets qui s’accumulent un peu partout.  Le coin fourmille de monde qui essaye de gagner leur vie de toutes les manières possibles.  Ils ont de petits commerces, ici on vend moins d’artisanat et plus de produits de première nécessité car les gens vivent ici depuis des générations, on ramasse tout ce qui est récupérable.  On passe  d’un secteur à l’autre en traversant un pâté de maison.  Le choc est presque brutal.  C’est par  ici que je suis entré dans la ville le dimanche de pâques.  J’avais trouvé le coin et les gens plutôt sympa.  Là, je suis plutôt en touriste et une fois entré dans le secteur je me fais avertir à plusieurs reprises, par les bien-pensants, de ne pas m’aventurer plus loin car le coin est dangereux pour les non-résidents. Comme je suis à vélo, j’ai fait le tour du secteur et me suis même arrêté dans un petit boui-boui pour casser la croûte.  C’est vrai qu’ici je détone quelque  peu, je suis grand, j’ai la peau  blanche, je suis vieux et plutôt en forme, je suis habillé en vélo et mon équipement a vraiment l’air, ici, du haut de gamme.  Le cuisinier du comptoir me fait signe de mettre mon vélo a l’intérieur.  Pour 3$, on m’offre un immense morceau de poulet, du riz et une montagne de légume a l’étuvé beaucoup trop cuit  en plus d’un pichet d’eau froide et d’un Coca Cola muy frio.  Un coin de rue plus au sud cela m’aurait facilement coûté un 10 ou 15$.  On me regarde beaucoup, on me sourit encore plus.  En aucun moment je me sens menacé ou en danger.  Il faut quand même que j’avoue qu’il y a des secteurs ou je suis passe très vite à vélo et d’autre ou j’ai préféré ne pas entrer.  Il faut aussi avoir un peu de respect pour les gens et j’ai toujours cru que comme voyageur/touriste, je suis un voyeur qui me permet d’observer les résidents chez eux dans leur ordinaire.  Dans les coins défavorisés, surtout dans les grandes villes, faire étalage de richesse c’est juste manque de savoir vivre.  Et je comprends fort bien celui qui devant votre arrogance prendra avantage au maximum de sa situation d’hôte pour vous soutirer  le maximum de gain pour lui-même ou sa famille.  Par contre, on peut toujours aller chez son voisin moins fortuné pour mieux le connaître, apprendre sa langue, sa culture et partager sa façon de vivre.  Cela veut dire ne pas porter de jugement, accepter de changer certaines valeurs de confort et d’hygiène et démontrer en toutes occasions énormément de patience et de compréhension.  En tout temps.  Si Céline Dion venait vous visiter chez vous dans votre demeure comment aimeriez-vous qu’elle se comporte?  Il y a des endroits où je suis gêné de prendre des photos, voir même de m’y trouver à regarder les gens vivre dans la misère.  Normalement, j’évite ou je me retire le plus délicatement possible.   Par contre, la misère est un concept très  relatif, vous serez pauvre ou riche seulement si vous pouvez vous comparer.  Dans les communautés égalitaires, les gens ne sont ni riches ni pauvres, ils vivent c’est tout.  Je suis entre chez des gens qui vivent bien en dessous du seuil de pauvreté comme nous les occidentaux le définissons dans notre imaginaire collectif.  Pourtant, ces gens sont loin d’être  pauvre.  Dans leur communauté ils sont plutôt bien nantis et possèdent un bon statut social.  Ces gens  m’accueillent chez eux avec fierté et pour eux, je deviens un peu leur Céline Dion.  Par contre, cela ne me donne aucunement le droit  d’entrer chez eux et de sortir mon appareil photo.  Après tout,  je suis en visite, et en bon invité, je devrais attendre qu’on m’ouvre la porte.   Quand l’atmosphère est harmonieuse et que la relation s’est établie entre égaux, que survient quelques fois le miracle et pour quelques instants avoir l’impression de presque faire parti de cette communauté.  Cela n’arrive pas souvent et il faut gouter au max ces moments de grâce.   Un tel moment m’attendait pour le lendemain.
Quand je suis revenu à l’hôtel en fin de soirée, je me suis concocté un petit souper et j’ai pris part aux conversations des voyageurs autour de la table.  A plusieurs reprises, j’avais parlé au  portier de nuit.  Ce gardien silencieux qui veille à notre sécurité pendant que nous dormons.  C’est un  homme plutôt petit mais costaud, a la peau cuivrée et aux traits typé des indigènes  du Panama.   Il sourit toujours et essaie d’engager la conversation.  J’apprends qu’il est aussi un Kuna et de bout en blanc, il m’invite pour venir passer la journée du lendemain dans sa communauté.  J’accepte avec empressement.   Ça va me faire changement d’être avec des gens du terroir  pendant une journée.  Rogelio me confirme dans la soirée que toute sa famille sera la demain et qu’il pourrait avoir jusqu’à 9 personnes.  Très subtilement il me laisse comprendre que ce serait bien si j’amenais la  bière et quelques bouteilles de vin.  Rogelio est tout content et nous partirons demain matin pour sa résidence après son quart de nuit vers 9h.
Le lendemain, 12 avril,  nous partons vers les 9h.  On prend le bus qui passe juste sur la rue principale tout près de l’hôtel.  Nous sommes encore à l’heure des travailleurs et l’autobus est bond.  Nous sommes debout dans l’allée centrale.  C’est un vieil autobus scolaire décoré de couleurs criantes. L’intérieur est en tapis shag rouge pétant et le coin chauffeur est rempli de pendentifs, de statuettes et de toutous.  La musique joue à plein tube dans des haut-parleurs de qualité médiocres mais puissants.  Il y a de l’ambiance, les gens se connaissent et se salut.  Je dois avouer que j’ai aimé cette randonné dans la ville qui a durée près d’une heure mais que j’étais content de descendre au terminus du centre-ville. Rogelio a ensuite décidé que ce serait plus vite et plus confortable si nous prenions un taxi. Il a négocié la course au rabais mais le chauffeur a rempli son taxi avec des gens ramassé pêle-mêle dans la rue. Une fois son taxi plein, nous avons roulé jusqu’à la ruelle de terre battue qui conduit à la résidence de mon ami Kuna.   Dire que mon ami vit dans l’opulence serait mentir mais il vit bien dans sa communauté entoure d’amis et de sa famille immédiate.  Personne n’est individuellement propriétaire ici mais tout le monde est propriétaire car le terrain appartient aux Kunas et pour s’établir dans le secteur il faut être Kunas et être accepté par la communauté.  A premier vu cela semble être un bon « deal ».  Je n’en saurai pas plus. Il y a beaucoup d’albinos chez les Kunas et ceux-ci  ont un statut spécial dans la mythologie Kunas.  J’ai aussi été frappé  de constater que tout le monde semble avoir une place dans cette communauté  qu’elle que soit le handicap, l’orientation sexuelle,  la couleur de la peau.  La journée s’est passée tranquille  a jaser a l’ombre d’un manguier, en buvant de la bière et en sirotant du vin.  Tout le monde n’est pas relie a une route ici, la plupart des maisons sont reliées entre elles par des sentiers de terre  battus.  Aujourd’hui, j’ai l’impression que  toute la communauté  a passé sur le sentier du manguier.  Nous sommes généralement cinq ou six assis sous l’arbre,  Il y a le père de Rogelio, ses trois amis, Rogelio et moi, mais le nombre change continuellement au fur et à mesure que les gens vont et viennent.  Il y a plein d’enfants ici, ça grouille de bonheur, de rire et de liberté.  La vie peut paraitre  plus dure ici que chez nous, mais des fois j’ai des doutes, des gros doutes.  La mère nous a préparé une soupe au poisson, mais seulement pour Rogelio et moi.  La soupe est délicieuse et nous nous régalons.  Je ne sais jamais si je dois accepter un deuxième service ou non. Suis-je en train de dévorer la portion qui auraient normalement été a quelqu’un d’autre et si je dis non merci est-ce que je donne l’impression de ne pas vraiment aimer le plat que l’on me sert si gentiment.  Alors j’en prends mais juste un peu.  Nous sommes reparti  en fin d’après-midi, en taxi jusqu’à la route principale, puis en autobus jusqu’à l’hôtel.  Un trajet de 2 bonnes heures dans des autobus bondés de monde ou les haut-parleurs qui  crachent continuellement de la musique et tout cela dans une circulation d’enfer.  Rogelio se tape cela tous les jours pour aller garder un hôtel de jeunes favorisés par la vie qui viennent  visiter Panama.   Ma première impression de ma journée c’est d’avoir passé une superbe journée tranquille avec des amis.  Je regrette tellement de ne pas parler espagnol et d’être obligé de me faire comprendre par signe avec seulement quelques mots. Il y aurait tellement à dire et tellement de questions à poser.

Aujourd’hui le 13 avril, je décide  de faire comme tout le monde, de jouer au touriste et de visiter les écluses de Panama.  La plupart des jeunes de l’hôtel y vont en taxi ou avec les autobus de la ville.  Je regarde le trajet sur une carte et je crois que je peux facilement faire le trajet à vélo et cela me donne beaucoup plus de liberté de revenir ou d’aller ailleurs.  Je ne suis pas un grand amateur de ces endroits que l’on doit visiter quand on est dans certains pays.  C’est toujours organisé à outrance, on est toujours pogné avec des centaines de touristes qui  sont déversés par vagues successives devant les guichets.  Les écluses de Panama ne font pas exception.  Une écluse c’est une écluse et ici tout est organisé pour recevoir les touristes.  Le canal est certainement une machine qui rapporte, on la soigne et on s’assure que les touristes sont traites aux petits oignons.  On ne montre pas grand-chose mais c’est propre.  En fait, il n’y a que le musée avec ses photos et ses artéfacts qui réussit un peu, à nous ramener au début du siècle passé et nous faire comprendre  le travail titanesque qui a été fait dans des conditions infernales, avec si peu de moyens techniques.  Même si je comprends très bien que le  canal est une réalisation technique incroyable pour l’époque, j’ai coupé assez court ma visite : le théâtre, le muse, regard rapide le long des quais, photo pour la postérité  et je suis reparti.

Il était 11h et je me suis permis de me perdre dans la ville de Panama.  Je voulais passer dans les petites rues qui longent le Pacifique.  Pas de surprises, c’est le royaume des condos de luxe.  Il y a des fortunes colossales à Panama.   C’est très jolie, propre et sa détonne un peu avec certain coins pauvres qui sont à quelques pates de maison de ces immenses condos de luxe.  Mais c’est comme partout ailleurs, c’est comme ça.  Il était encore tôt et j’ai décidé d’aller visiter les ruines de la première colonie européenne qui s’est établie en Amérique et qui est à l’origine de la vile de Panama.  C’est à quelques kilomètres de l’auberge, il y a un petit musée dédié à cette première colonie.  Il n’y a personne, les droits d’entrés sont de 2$.  Un guide s’offre immédiatement a moi.  Je lui demande combien et il me dit qu’il est professeur et bénévole volontaire, qu’il aime l’histoire.  Il parle un anglais approximatif mais correct.  J’accepte volontiers son offre et il me fait visiter son musée.  C’est un véritable plaisir.  Cette visite a fait ma journée.  Après le musée, je fais le tour des ruines, prends quelques photos et retourne à mon hôtel après avoir passé au super mercado m’acheter un steak, trois patates et des légumes pour me faire une salade.  Je prends aussi quelques bières et une bouteille de vin.  C’est vendredi, et comme me l’avait suggéré mon ami André Mouton, c’est le  Happy Hour.  De plus, demain,  je pars pour San Blas, prendre un bateau pour la Colombie.  Enfin, on reprend la route.

Arrive à l’hôtel, mon ami Kuna, celui qui a fait la réservation, m’attend pour m’avertir que le bateau ne part plus avant lundi.  Les vagues sur l’océan sont trop grosses.  « Deception » comme dirais mon ami Charlebois.  Le steak ne goute plus la même chose.  Pas grave, je vérifie mes options avec les gens de l’hôtel et j’en viens rapidement à la conclusion que cela a assez durée et que je partirai en avion.  Je vérifie sur internet les différentes destinations possibles.  Je suis très très tenté par Cartagena, mais il y a aussi Medellin et Bogota.  Après mures réflexions et quelques bouteilles de bières, j’opte pour Medellin car j’ai déjà perdu 7 jours à Panama et en partant de Medellin je reprendrais mes 7 jours perdus.  L’hotel croit etre en mesure de me trouver un transport pour San Blas et probablement un bateau qui partirait.  Je décide de dormir sur toutes ces options et de prendre ma décision demain.

Nous sommes le 14.  A mon réveil il n’y a pas de bateau et après quelques recherches sur internet, je me book par l’entremise de e-dream un avion pour Medellin.  Ça parait beaucoup plus simple que ce ne l’est.  Premièrement, il y a tres peu d’avions qui vont directement sur la Colombie,  la plupart des envoles passe par l’Amérique centrale pour aller en Colombie, surtout ceux qui offrent des vols à rabais.  Cela fait qu’un vol qui devrait durer 2h peut prendre jusqu’à 23h.  Puis il y a le prix astronomique des billets.  Finalement, je mets un peu plus de sous pour voler direct car je veux arriver à Medellin le plus tôt possible pour remonter mon vélo et me rendre au centre-ville pour me trouver un hôtel pour la nuit.  Une fois ma réservation fait, je me rends à mon magasin de vélo pour aller me chercher une boite.  Je ramène la boite pliée en quatre sur mon porte bagage de vélo.  Ça marche.  A l’hôtel je défais mon vélo que je place soigneusement dans la boite.  Puis j’emballe mes sacoches dans un grand sac étanche acheté chez MEC qui devrait normalement servir à protéger mes vieilles sacoches contre les intempéries.  Trois sacoches entrent facilement dans la poche que je referme avec ma toile de sol de ma tente.  Le tout est attache avec de la grosse ficelle.  C’est rudimentaire mais ça marche et le tout pèse 23kg.  Ma boite de vélo pèse 23kg.  J’amène a l’épaule une petite sacoche avant et la sacoche de guidon.  Je suis fin prêt.  Je me tape un super souper de pâte avec une bouteille de vin.  Demain, je pars à 5h du matin et mon avion est à 9h 45.  Pas question que je rate ce départ.

Nous sommes le 15 avril,  Je suis à l’aéroport depuis quelques minutes, j’aligne le comptoir de Copa airlines.  Il n’y a pas encore de ligne alors je  m’approche avec mon passeport.  Le jeune homme est très gentil et parle un peu l’anglais.  Il me regarde et me dit qu’il n’a pas mon nom, et que je n’ai pas de réservation.  Je lui tends une copie des courriels échangé avec e-dream que j’avais fait imprimer par l’auberge hier au cas où.  Il me dit qu’il n’y a aucun numéro de confirmation et qu’il ne peut rien faire pour moi.  Si je le désire il peut me vendre un billet mais cela est très cher.  Il me donne un numéro de téléphone direct à la compagnie COPA et que cela devrait me sauver plusieurs dollars.  Je prends le numéro, j’appelle. Mais c’est un numéro à peser sur 1, puis sur 2 etc. C’est en espagnol et finalement on me met en attente.  Je manque de monnaies, le téléphone raccroche, je perds ma priorité.  Je vais essayer une autre fois pour vivre la même expérience.  Et puis c’est difficile de trouver de la monnaie en Amérique centrale.  Je perds un peu patience. J’envoie un courriel à l’agence sans réponse bien sûr.  Je retourne au comptoir en passant devant la foule revoir mon gentil commis.  Il doit partir mais me réfère à  l’agente juste à côté de lui.  Je suis prêt à acheter un billet directement.  Il y a de la place, on fait les arrangements, je vais pouvoir partir tel que prévu.  Je n’ai pas suffisamment d’argent liquide pour régler le prix du billet alors je lui donne ma carte de crédit.  Elle part et revient quelques minutes plus tard l’air embêté en me disant que ma carte ne fonctionne pas.  Elle a essayé à plusieurs reprises et la carte n’est pas reconnue par la machine.  C’est impossible, j’ai retiré de l’argent voilà moins de trois jours sans problème.  Je n’ai pas le temps de m’obstiner, je lui demande s’il y a une machine distributrice ou un banque dans l’aéroport.  Bien sûr que oui mais au rez-de-chaussée.  Je cours au rez-de-chaussée.  La machine refuse de me donner de l’argent.  J’ai dû l’essayer au moins quinze fois avec toujours le même résultat.  Je ne sais plus à quel Saint me vouer.  La banque n’est pas ouverte mais normalement le banques ne sortent pas d’argent autrement que par la distributrice.  Je remonte à l’étage des départs, me connecter sur internet et j’envoie un courriel à ma blonde pour m’assurer que le compte est réglé.  J’ai une réponse très rapidement ou elle me dit qu’elle a contacté la banque et de réessayer que cela devrait marcher maintenant.  Je cours à la machine.  Elle refuse toujours de cracher le cash.  La banque, qui est juste à côté, ouvre ses portes.  Il y a déjà une file de plusieurs dizaine de personnes.  Je m’aligne avec elle et j’attends mon tour.  On me laisse entrer, je me rends au comptoir.  J’explique mon cas et le caissier me dit qu’il ne peut faire d’avance de fonds à partir d’une carte de crédit et que je dois passer par la machine à l’extérieur.  Je suis dévasté.  Je sors de la banque en me disant que je vais retourner à l’auberge.  En sortant de la banque, je me dis pourquoi pas une dernière fois.  J’entre ma carte, pitonne et miracle la machine me donne l’argent.  Je ne comprends rien mais je cours voir la préposée de Copair qui est encore à son comptoir.  Je coupe la file et je luis tends l’argent.  Elle regarde son ordi, sa montre et me dit qu’il est trop tard maintenant pour faire le booking.  Je pourrais partir dans l’après-midi mais j’arriverais très tard dans la soirée.  Je me book pour le lendemain, même avion.  En sortant de l’aéroport par la porte des départs car tout ce temps je traine me bagages avec moi, je me hèle un taxi et je regagne l’auberge.  Je suis chanceux car le chauffeur connait très bien l’endroit.  Il m’offre de venir me chercher le lendemain matin à 5h si je le veux et il me fait un prix pour les deux voyages.  Je retourne à l’hôtel, j’ouvre mon ordi et je demande quelques explications à ma blonde.  J’apprends à ma grande stupéfaction qu’un employé de la banque TD a annulé ma carte pour ma protection en voyant le nombre de transactions effectuées dernièrement de différents pays d’Amérique latine sans avertir personne.  Le type à juste annule ma carte.

Aujourd’hui 16 avril, c’est mon anniversaire,  Je retourne à l’aéroport avec mes billets en main.  Je me mets en ligne avec tout le monde et sans anicroche je fais les procédures pour prendre le vol vers Medellin.  Sauf que le préposé me charge 100$ supplémentaires pour prendre mon vélo et encore 40$ supplémentaires pour le poids total de mes bagages.  J’arriverai à faire annuler cette derniers frais supplémentaires en arguant que puisque je paye un tel supplément pour le vélo, je n’ai vraiment qu’un seul bagage de 23 kilos ce qui est en dessous du poids règlementaire alloue par passager.  Me voilà enfin dans l’avion.  J’arrive à Medellin à 14h.  Le temps de passer les douanes et tous les contrôles, de monter mon vélo dans l’entrée de l’aéroport, me voilà parti pour le centre-ville de Medellin.  J’ai un 30 km à faire.    Environ 1h30 max me suis-je dit quand j’ai regardé la carte sur google.  Et bien non, en sortant de l’aéroport on se met à grimper et cela dure sur plus de 10km.  Je suis en nage et je me demande si je vais réussir à rejoindre Medellin avant la noirceur, puis la route se met à descendre et elle descend sur plus de 15 km jusqu’au centre-ville de Medellin.  Les pentes sont tellement abruptes que j’ai peine  à freiner et que je suis facilement projeté vers l’avant du vélo a chaque coup brusque des freins.  J’arrête a presque tous les coins de rue pour m’assurer que je ne descends pas pour rien car je me veux pas remonter ces pentes.  Je prendrai presqu’une heure pour trouver l’auberge jeunesse que j’avais déniche la veille sur internet.  Je m’installe dans l’un des dortoirs.  La place est propre et assez conviviale.  L’atmosphère est très jeune et très cool.  Je ne « fit » tout simplement pas dans le décor mais je m’en fou éperdument.  Je m’installe à une table à l’extérieur et je regarde mes courriels.  CE sera mon cadeau de fête.  J’ai tout plein de courriels et de messages sur facebook.  Puis tout d’un coup je vois apparaitre sur mon mur un message de mes filles avec une vidéo.  Elles se sont enregistrées pendant le week-end de Pâques à la maison pour me souhaiter bon anniversaire selon notre tradition familiale en chantant notre chanson de bonne fête.   J’en ai la larme à l’ œil mais comme je suis tout seul et entouré de joyeux lurons qui eux font la fête, je me retiens.  Je vais écouter cette vidéo au moins 10 fois.  C’est vraiment super d’avoir une famille.

Le lendemain, 17 avril je me lève très tôt et je pars immédiatement après avoir réglé ma note et installe mes sacoches.  Assez facile de sortir de Medellin.  Il y a beaucoup de cyclistes qui s’entrainent sur des supes vélos de route.  L’un deux me dépasse et je lui demande s’il y a un super bon vendeur de vélo dans le secteur.  Il me fait signe que oui et me montre le chemin.  Sans trop de difficulté, je me rends directement au magasin.  Les gens me font comprendre que le magasin n’ouvre pas avant 9h.  Je vais attendre.  Il y a un mignon petit café juste sur le coin de la rue et je m’y installe.  Un bon café colombien, avec quelques pâtisseries.  Les gens ici sont vraiment friands des pâtisseries et de la friture.  Je sors mon ordi et j’ai immédiatement une connexion Wi-Fi.  J’aime de plus en plus ce pays.  Les gars du magasin sont supers.  Premièrement ils finissent par trouver des tubes qui devrait faire l’affaire c’est du 27 et non du 28 mais le proprio me garantit que cela va marcher.  J’achète les trois chambres à air.  Ma roue arrière qui a été monte à Panama a souffert du voyage et n’est plus parfaitement aligne.  Le type du magasin me fera  un super job de réalignement.  Je change aussi mes feins.  Le tout prend une heure.  Départ.  Ici on grimpe, monte, descend, monte encore.  Je suis épuisé.  J’ai peut-être été un peu trop relax a Panama.  Je  ferai au mieux un 50 km et vers 16h, je m’arrête dans un petit patelin en banlieue de Medellin qui s’appelle Santa Barbara.  C’est un village qui s’étire en ligne droite ou presque sur la crête d’une montagne.  C’est un très beau petit village.  J’y trouve une chambre d’hôtel dans une résidence privée pour 1500 COP (environ 6$).  Il y a un café internet juste en face, des restos et des épiceries.  Je suis tôt, il pleut à boire debout.  Je me suis arrêté à temps aujourd’hui.  J’en profite pour me faire couper les cheveux et la barbe.  Je fais couper à l’échelle 1.  C’est très court et j’entends ma blonde qui me dit déjà de me refaire pousser tout cela au plus vite.

Quand je pars au petit matin (18 avril), je roule sur la crête de la montagne entre les maisons je peux apercevoir les falaises qui tombent de chaque cote.  Il y a des nuages en contre-bas.  En fait c’est un peu comme si je faisais du vélo au-dessus des nuages sur le faîte d’une montagne.  Super feeling.  Aujourd’hui, j’aimerais vraiment faire un peu de kilométrage et avancer sur le chemin.  Plus je m’éloigne de Medellin et moins il y a de services.  Les villages s’étirent maintenant et la plupart n’ont pas d’hôtel, pas de resto.  Je suis vraiment en campagne.  Des champs et de la culture a perte de vue et on monte, on monte et on descend mais on monte encore.  Vers 13h j’entre dans une petite ville ou il y a hôtel et tout le tralala mais si la tentation est grande, la volonté de faire plus de chemin prends le dessus et je continue avec le but de faire mes 100km aujourd’hui.  Malheureusement, difficile de savoir car depuis hier, mon odomètre semble travailler seulement quand cela lui plait.  Il arrête et repars sans préavis de son propre chef.  Les batteries semblent bonnes, les pièces sont en bonnes états et l’alignement parfait.  Mais je ne sais plus si j’ai fait 100 ou 75 ou 175 km.  De toute façon. Vers 16h30 je commence à penser sérieusement que je devrais me trouver un hôtel pour la nuit.  Rien en vue, les gens à qui je demande me disent toutes sortes de choses différentes.  A une croise de chemin, je m’arrête prendre une boisson gazeuse  et les types me disent qu’il n’y  a rien avant Santa Rosa qui est à une heure de route.  J’enfourche ma bécane et je roule.  Quelques kilomètres plus loin, il y a une clôture ouverte sans porte qui entre dans un champ de petits arbres.  Je m’y engage.  Le terrain est un peu boueux mais c’est plutôt la norme ici.  C’est un oranger.  C’est vraiment magnifique.  Je trouve un petit monticule près de la route entre quatre arbres.  C’est ici que je vais passer la nuit.  Je défais mes sacoches, monte ma tente, et je m’installe.  Je fais aussi le tour du propriétaire et je m’offre cinq beaux gros oranges bien murs que j’arrache moi-même de l’arbre.  De plus j’ai faim et j’ai soif.  Je n’aurai jamais goute a des oranges aussi bonnes de ma vie.  Je me gave d’orange et de noix, peanuts et raisins secs (mélange tropical acheté à Panama).  Un régal.  Quand le soleil disparait à l’horizon, je crois que je dormais déjà.   Pendant la nuit je suis réveillé par les éclairs et le tonnerre.  Il n’y  rien que je puisse faire alors je me rendors mais ça tombe dru.  On dirait qu’il pleut au moins une fois par jour ici.  Et quand ça tombe, ça tombe.

Je me suis réveillé avant le lever du soleil. Nous sommes le 19.   Il faisait encore nuit.  Mais l’averse n’avait pas encore rendu l’âme.  J’ai essayé de me rendormir mais seulement avec un succès mitigé.  La dernière chose qu’on veut en camping c’est de se lever et d’avoir à démonter sa tente à la grosse pluie.  Les besoins primaires vont m’obliger à sortir de mes draps, m’habiller et sortir à l’extérieur brave les éléments.  Une fois revenu à l’intérieur je suis détrempé et je salis tout mon équipement.  Aussi bien prendre le taureau par les cornes et partir.  J’emballe tout, j’installe mes sacoches sur le vélo, je démonte la tente, j’enfouie tout dans une sacoche et je pars.  Il fait plutôt frais.  Le chemin qui était déjà un peu boueux est maintenant une grande plaque de boue liquide.  Je dois me rendre ‘à la route principale en prenant mille et une précaution pour ne pas m’étendre de tout mon long dans cette terre détrempée par la pluie.  Pas très chaud au petit matin de commencer a pédaler alors qu’on est déjà tout trempe.  La route est détrempée, les camions vous vaporisent la gadoue de la chaussée en plein visage.  De plus, avec cette pluie, il est impossible de porter des lunettes.  Vraiment assez quelconque comme début de journée.  J’ai vu sur ma carte qu’il y a une seule ville pour au moins 100km.  Avant même de partir j’avais décidé que je m’arrenterais a Peirira.  Et c’est exactement ce que j’ai fait.  Premier hôtel en entrant dans la ville,  J’ai décidé de me faire sécher et de faire sécher ma tente.  On ne sait jamais ce qui m’attend demain.