lundi 13 février 2012

Vicksburg-Natchez-Baton Rouge

Je suis parti de Cleveland à 6h30, mes CS sont des lèves tôt et comme je suis couché dans le salon, la tête dans l'entrée de la cuisine sur un lit de camp, le premier qui s’est levé a sonné la fin de ma nuit de sommeil.  La levée du corps est très difficile, je ne suis vraiment pas un lève tôt de nature.  Je range mes choses le plus vite possible, je vide un verre de jus d'orange, un café et un bol de céréale et nous voilà parti.  J'ai bien roulé et je suis arrivé a Vicksburg a une heure raisonnable.  Je suis parti en sachant que ma CS à Vicksburg avait un gros party ce soir. Les highway américains sont comme nos routes secondaires, L'interstate sont comme ce que nous appelons l'autoroute.  Comme j'étais sur un highway, la route ou je devais sortir était bien marqué mais quand je suis arrivé à Vickburg, pas de nom de route seulement une indication de sortie pour le Centre-ville de Vicksburg.  Je décide donc de prendre cette sortie car de mémoire ma CS est sur une rue transversale de l'une des artères principales de la ville.  Et bien je me suis trompé et je vais aller au bout de la rue principale, en plein centre-ville pour revenir après avoir demander maintes fois ma direction a des passants qui n'avaient jamais entendu parler de la rue ou demeure ma CS.  Bizarre de sensation que de se rendre compte que la plupart des gens qui vivent dans une communauté ne connaissent pas les noms des rues qui sont à quelques pâtés de maison de la leur.  Mais à bien y penser c'est souvent le cas aussi au Canada.  Finalement, je trouve la rue et je m'engage sur une petite rue résidentielle, qui en quelques mètres se transforme en route de terre qui s’engage dans une descente vertigineuse «a mont le pan » vers la berge du Mississipi.  Je vois pour la première fois le majestueux fleuve mythique à travers un bosquet d'arbres.  Je suis sur les freins car je ne voudrais pas être obligé de remonter cette pente.  Sur ma gauche il y quelques boite postale dont une porte le numéro civique de ma CS.  Le coin est plutôt délabré et donne une impression de laisser aller et de pauvreté.  Plutôt que de descendre la pente, je m'engage sur une route de terre qui semble donner sur la cour arrière des maisons.  Un peu plus loin, sur la crête de la falaise qui surplombe le Mississipi il y a une très jolie maison bleu, flambant neuve, avec deux autos stationnés devant un gros garage.  Il n'y a pas d'adresse et je n'ose pas cogner a la porte alors j'appelle avec mon cellulaire ma CS.  Quelle n'est pas ma surprise de me rendre compte que je suis devant sa maison et qu'elle est en train de me faire des grands signes de la main à partir de sa cuisine.  Wow, c'est vraiment joli et quelle vue imprenable sur le Mississipi.  Je mets mon vélo dans le garage et je prends quelques affaires pour me changer.  Elle vit avec un room mate que je prends au début pour son copain ou son mari.  Un gars, super baraqué et super gentil, qui aime brasser sa propre bière à partir d’un mélange de grains qu’il fait lui-même.  Une bière noire et délicieuse.  C’est un ingénieur hydraulique qui travaille à un contrat de la défense.  Ma CS est géologue et travaille aussi à un contrat relié a la Défense.  Ils sont tous les deux affairés à préparer le party de ce soir.  Les invites devraient arriver dans environ deux heures.  Après avoir pris une bonne douche et rang mes affaires dans une mignonne petite chambre à l'étage, je me joins à eux pour aider aux préparatifs.  L'atmosphère est festive et joyeuse.  Finalement, les invités arrivent un a un.  Ma CS est originaire de Puerto Rico et de nombreux invités font partie de la communauté hispanique de Vicksburg.  La soirée est vraiment sympathique.  Malheureusement, je dois partir demain et je me retire sans faire d’éclat dans ma chambre, je mets mes bouchons et je m’endors comme un loir en quelques secondes. Au petit matin, je me réveille, prends mes affaires et descends vers la cuisine le plus doucement possible.  Je me prends un verre de jus d’orange et je mange ce que je crois être une banane alors que c’est un plantain.  Ce n’est pas mauvais mais un peu fibreux pour le premier repas du matin.  J’écris un mot de remerciement et je m’apprête à partir quand ma CS se lève pour me souhaiter bon voyage.  Je n’ai pas eu la chance de lui parler beaucoup tellement elle était affaire a préparer son party mais c’est vraiment quelqu’un de bien.  Je suis partie autour de 8h.

La journée vers Natchez c’est très bien déroulé.  J’avais le vent dans le dos, la route est OK quoiqu’il n’y a aucun accotement et que la circulation rencontre sur la plus grande partie de la route.  La circulation n’est pas dense mais elle est constante et très rapide. Disons que ce n’est pas une route pour tout le monde et qu’il faut avoir le cœur solide et la foi dans l’habilité des conducteurs de poids lourds.  Il n’y pas eu vraiment de « close call » mais le vent généré par certains camions m’a presque décoiffé malgré mon casque et mon foulard rouge (donne par Louise Jacques et toute la famille lors de mon départ pour ma traversée de l’Asie).
Je suis finalement arrive à Natchez en fin d’après-midi et je me suis trouvé un motel pour 39$, probablement le moins cher du coin.  Une fois le vélo dans la chambre, j’entreprends de changer les freins arrière.  Ceux-ci fonctionnait métal sur métal depuis mon départ de Vicksburg. Puis je vérifie mes demandes de CS.  Les réponses reçues sont souvent la base sur laquelle je décide de me rendre dans telle ville plutôt que dans telle autre.  Dans ma planification de route je n’avais pas prévu me rendre à Bâton Rouge mais la réponse d’un CS a fait toute la différence. Demain, je me rends à Bâton Rouge.  Aujourd’hui toute la famille se réunit à Montréal pour marquer l’anniversaire de naissance de Pascale ma cadette.  C’est sûr que je vais appeler pour me joindre au groupe.  C’est dans ces moments-là qu’on se sent déconnecté des choses importantes de la vie.  J’aimerais vraiment être avec Marie pour fêter ma fille, surtout que les amies de Pascales sont une belle gang de chums et que j’adore les revoir.  La conversation avec chacune de mes filles pis de mes gendres a vraiment été agréable.  Tout seul dans ma chambre je m’ennuie un peu.  Je me couche de bonne heure.
Départ de Natchez un peu plus tard que prévu.  La journée devrait être belle.  J’ai une bonne distance à parcourir mais il fait beau, je suis repose et j’ai le vent dans le dos.  Pourtant la journée a été dur, je ne suis pas dedans comme disent mes filles.  J’ai les jambes lourdes et le cœur n’y est pas.  Je vais faire la distance quand même mais je suis super content d’arriver chez mon CS.  Il vit dans un super beau quartier dans un petit logement au-dessus d’un garage d’auto derrière une résidence privée.  C’est vraiment une garçonnière.  Il me reçoit les bras ouvert.  Je m’installe assez rapidement et embarque immédiatement sur google map pour trouver mon chemin car j’ai des doutes sur la possibilité de prendre la route directe demain vers Lafayette.  Google map me refuse tout accès a l’interstate 10 qui est direct vers Lafayette et m’oblige à prendre une route secondaire qui me rallonge de plus de 35 miles. Au lieu de pédaler 57 miles je devrais me taper plus de 90 miles.  Mon CS m’avise aussi qu’il y a deux ponts dans la ville qui traversent le Mississipi et que les deux sont très dangereux.  On passe une partie de la soirée à vérifier les possibilités de route.  Plus je regarde et plus cela ne semble pas très « bicycle friendly ».  Finalement il m’invite à aller voir en auto les deux routes potentielles.  Après avoir traversé les deux ponts, je pense que ce serait vraiment risque.  Par contre, une fois traverse la route est superbe avec un immense accotement.  Nous vérifions aussi la possibilité de prendre un traversier.  Les traversiers ont arrêté de fonctionner à Bâton  Rouge avec la construction des ponts.  Je décide de dormir sur ce dilemme existentiel et de prendre ma décision demain matin.  Nous allons manger dans un resto Cajun plutôt genre pub.  Super sympathique, super bon et super friendly.  J’ai adore ma soirée.  Mon CS a travaillé en Afrique au Kenya et à visiter le Rwanda.  Nous avons beaucoup d’anecdotes qui se recoupent.  Il a adore son expérience et rêve du jour où il retournera en Afrique. Retour à la maison et dodo.
Ce matin, je décide de me rendre à l’entrée du pont et de faire du pouce pour traverser le pont.  Sur la bretelle principale qui mène au pont, je m’installe sur l’accotement avec mon vélo et je supplie chacun des pick-up qui passent de me prendre.  J’attendrai peut-être 10 minutes au gros max avant qu’un bon samaritain à la peau noire comme l’ébène et aux dents en or me prenne et me traverse de l’autre côté.  Il me laisse à la première sortie et je me retrouve dans la bretelle opposée de la direction ou je veux aller.  Qu’à cela ne tienne, je traverse le terre plein à pied, deux voies de chemin de fer, le stationnement d’une compagnie de transport puis je me retrouve sur une route qui mène a l’embranchement de l’interstate 10.  Normalement je n’ai pas le droit de faire du vélo sur les interstate comme nous n’avons pas le droit de faire du vélo sur nos autoroutes.  Mais j’ai décidé de prendre cette chance surtout que l’accotement est superbe.  En fait je crois que c’est beaucoup moins dangereux de rouler sur cet accotement que sur le minuscule accotement des highway sur lequel j’ai roulé ces derniers jours.  Dès le départ, je croise un policier qui est caché sur le terre plein de l’autoroute et surveille la circulation.  Il me regarde passe et ne m’embête pas du tout.  Bon signe,  Un peu plus loin je dépasse un policier qui vient d’arrêter une voiture sur l’accotement,  Je passe a moins d’un mètre de lui et de l’auto stationne pour recevoir sa contravention.  Il me regarde passe sans mot dire.  Je me sens tout à fait rassure.  Je pense que j’ai pris la bonne décision 
Je file vraiment bien.  J’ai le vent dans le dos, il fait beau, et la route est de toute beauté. A la hauteur de Grosse Tete, la sortie vers la ville de Maringouin, je me dis que je devrais faire une petite halte pour déjeuner.  Il est 9h45.  J’arrête à un Subway et j’engage la conversation avec deux types assis à la table a cote de moi.  Ce sont des camionneurs et on parle de tout et de rien.  Ils me disent que je ne devrais pas être embêté par la police mais qu’il y a deux ponts un peu plus loin où il n’y a pas d’accotement et ils me conseillent fortement de traverser dur le pouce comme j’ai fait à Bâton Rouge.  Je pars et quelques km plus loin un véhicule embarque sur l’accotement derrière mois et me klaxonne.  Je m’arrête en pensant que c’est un policier zélé et que mes troubles commencent.  Et non, c’est le type du restaurant qui vient m’offrir de me traverser de l’autre cote du pont.  J’accepte volontiers d’ailleurs je crois que je ne pouvais pas vraiment faire autrement.  J’embarque le vélo pour une deuxième fois dans la boite d’un pick-up pour me faire conduire,  Le type est super sympa et la conversation s’engage.  Finalement, il décide de venir me reconduire jusqu’à Lafayette.  Je suis arrivé à Lafayette à 10h45 après avoir pédalé a peu près deux heures.  J’ai pensé continuer vers Jennings ou Lake Charles mais j’ai déjà des CS qui m’attendent ou j’ai sollicité leur hospitalité.  Je décide de prendre une journée de pause, de mettre un peu d’ordre dans mes affaires.  C’est un peu triste car j’ai passé sur un pont de plusieurs dizaines de kilomètres de long qui surplombe à quelques mètres le bayou.  Il y avait de belles photos à prendre mais ma caméra était dans mes bagages a l’arrière et je n’ai pas pris une seule photo.  Je suis dans un resto de crème glacée qui ont une connexion Wifi et j’attends 18h que mes CS finissent de travailler.